Salle enflamme les salles!
Les ingrédients du nouveau film de Jérôme Salle? Des hommes torturés et mutilés, des enfants cobayes drogués, des femmes et des grands-mères violées et assassinées, et la volonté du pardon qui ne résiste pas à la violence perpétuellement subie.
« Zulu » montre un Forest Whitaker et un Orlando Bloom au sommet de leur art et une Afrique du Sud restée hanté par les fantômes de l’apartheid. Une fiction qui enchaîne des scènes ultraviolentes au service d’un scénario aussi effroyant que réaliste.
Dans l’Afrique du Sud de « Zulu », la violence explose littéralement entre Blancs et Noirs, entre riches et pauvres, et entre trafiquants de drogues. En passant, le réalisateur français dresse un portrait saisissant de la société sud-africaine : des townships de Cape Town jusqu’aux quartiers des gangs des Cape Flats.
Le film, d’après le roman « Zulu » de Caryl Férey, établit sa propre «Commission Vérité et Réconciliation» en écho aux commissions mise en place par le gouvernement après la fin de l’apartheid pour éviter l’engrenage de la vengeance. Jérôme Salle voulait faire un «vrai film sud-africain» pour un public sud-africain, avec une sensibilité et des acteurs sud-africains, à l’exception des rôles-titres assurés par Forest Whitaker et Orlando Bloom.
En effet, le scénario de « Zulu » ratisse large dans le subconscient sud-africain et joue avec les douleurs toujours présentes, issues de l’apartheid: les inégalités et l’injustice y sont omniprésentes, comme le processus de la réconciliation qui y fait l’impasse en donnant carte blanche à un Blanc resté raciste.
Jérôme Salle montre aussi le jeu pervers d’un industriel afrikaner qui – grâce à l’amnistie – peut perpétuer sa haine et ses expérimentations pharmaceutiques aussi lucratives que cruelles et mortelles contre les Noirs. Du début jusqu’à la fin, ce sont toutes les couches de la société qui se déchirent au grand écran au détriment d’une réconciliation acclamée par la politique. Le plus cruel du film? Les propos sonnent juste.