En position avec l’opposition!
Le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), principal parti islamiste a annoncé son souhait de se ranger du coté de l’opposition. A moins d’un an des élections, c’est l’occasion pour le nouveau chef du parti, Abderrezak Mokri, de montrer qu’il ne compte pas faire de la figuration dans le paysage politique.
Le MSP a désigné Abderrezak Mokri à la tête de ce parti islamiste, en remplacement de Bouguerra Soltani, optant pour l’aile dure du parti et consacré le divorce entamé d’avec le pouvoir depuis l’apparition du Printemps arabe.
Le 5ème congrès du MSP a rassemblé les leaders musulmans de plusieurs pays, tels que la Tunisie, la Libye, la Syrie ou l’Egypte, et même le mouvement palestinien Hamas. Pour les responsables du MSP, il s’agissait d’envoyer un message fort au pouvoir algérien quant à la détermination du mouvement d’aller dans la voie de l’opposition.
L’élection de Mokri à la tête du MSP a symbolisé la position affirmée par la base du mouvement, qui a longtemps accusé sa direction de faire trop de concessions au pouvoir en place.
Selon Liberté, « le MSP s’est doté tout simplement d’un chef connu pour ses positions radicales vis-à-vis du pouvoir. Ce qui marquera davantage l’éloignement du parti de la politique de l’entrisme qu’il a prônée jusqu’à son retrait de l’Alliance présidentielle en décembre 2011« .
« Ils ont, à la majorité écrasante (177 voix contre 65 seulement pour l’ancien président du conseil consultatif du parti, Abderrahmane Saïdi), opté pour la ligne radicale, prônant la rupture totale avec le pouvoir. Et le symbole de ce courant est bien sûr Abderrazak Mokri qui ne cesse, depuis quelques années déjà, d’œuvrer pour le retour à la ligne originelle du MSP », ajoute le journal. « Il serait même à l’origine du divorce du parti d’avec l’Alliance présidentielle (RND, FLN et MSP) créée à la veille de l’élection présidentielle de 2004 et qui a été la victime principale du Printemps arabe« , a commenté El Watan dans un éditorial.
Réagissant à ces critiques, le nouveau leader du MSP s’est défendu, affirmant qu’il était « porteur d’un projet de paix et non d’un projet de guerre ou de révolution« , ajoutant que celui qui le craindrait serait « soit un incompétent, soit un corrompu« .
Mokri a déclaré que le parti sous sa présidence sera dans l’opposition « de façon claire et franche. Nous ne voulons pas de révolution, car c’est un danger sur le pays. Nous voulons un changement pacifique, en maintenant la pression sur le pouvoir« .
Mais le fossé est profond entre les ambitions affichées par le nouveau patron du MSP et la rue algérienne. Les jeunes ne voient pas d’un bon œil les partis islamistes, estimant que ces derniers n’ont aucune chance de prendre le pouvoir en Algérie.
« Les islamistes pensent-ils qu’une révolution peut s’importer d’ailleurs, qu’il suffit de porter une barbe et un kamis et de réciter quelques versets du Coran pour nous embobiner?« , s’interroge Amine Larab, étudiant en gestion. « Ils sont faux ces gens là. Ils font de la politique, comme tous les autres partis et, en politique, tout le monde ment, tout le monde promet sans tenir ses promesses« .
Son ami, Reda Bouhali, s’est esclaffé à la lecture du compte-rendu sur le congrès du MSP publié dans la presse: « C’est un parti girouette: un jour dans le pouvoir, un autre dans l’opposition. Quelle crédibilité lui reste-t-il? » .
Chez les plus âgés, la méfiance est d’autant plus grande qu’ils ont vécu l’ère du FIS dissout.
« Nous ne permettrons jamais que ces barbus reviennent nous créer des problèmes. Nous avons assez souffert à cause d’eux« , lance Nadia Guermadi, enseignante.