Sa mort est un coup dur pour la rébellion soudanaise.
L’armée soudanaise affirme avoir tué Khalil Ibrahim, le chef du Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM), un des plus importants mouvements et le plus militarisé des groupes rebelles du Darfour. Khalil Ibrahim serait mort à l’ouest du Soudan, dans la ville de Wadbanda, au Kordofan Nord, où les raisons de sa présence ne sont pas claires.
Il avait annoncé il y a un mois environ son intention de former une coalition avec les rebelles du Kordofan. Une source tchadienne affirme qu’il était sur place justement ces derniers jours pour des préparatifs de combats. Il y a trois jours, Khalil Ibrahim avait annoncé de son côté, qu’il était en route vers Khartoum, pour renverser le régime.
Khalil Ibrahim avait soutenu le coup d’Etat du président el-Béchir en juin 1989, avant de tourner le dos au gouvernement et de fonder à la fin des années 1990 un groupe de dissidents dénonçant la « domination » des Arabes sur la vie politique et économique.
Exilé aux Pays-Bas, Khalil Ibrahim avait annoncé la formation du JEM, de tendance islamiste, dont la base est limitée à la branche Kobe des Zaghawas, groupe ethnique présent au Soudan et au Tchad.
Le JEM a refusé de signer l’accord de paix du Darfour de mai 2006, estimant que « les mesures sur le partage des ressources et du pouvoir ne répondaient pas de façon adéquate aux causes profondes qui avaient mené à la rébellion: l’inéquité structurelle entre le centre (Khartoum) et les régions périphériques » comme le Darfour, selon International Crisis Group (ICG).
Le gouvernement soudanais a signé en juillet un accord de paix à Doha avec une coalition de petites factions darfouries rebelles, le Mouvement de libération pour la justice (LJM). Les principaux groupes armés au Darfour, le JEM et les factions de Armée de libération du Soudan (SLA) dirigées par Minni Minnawi et Abdelwahid Nour, ne l’ont pas signé.
D’une centaine d’hommes à ses débuts, le JEM compterait aujourd’hui quelques milliers de combattants.
En mai 2008, plus de 200 personnes avaient été tuées lorsque des rebelles du JEM avaient traversé plus de 1.000 km de désert pour attaquer Omdurman, la ville jumelle de Khartoum, liée à la capitale par un pont sur le Nil. Plusieurs rebelles ont été jugés et condamnés à mort pour cette attaque.
Le Sud du pays est devenu indépendant en juillet après un référendum en janvier, après des décennies de guerre civile avec le Nord. Mais les tensions restent très vives. Khartoum accuse les autorités sud-soudanaises de soutenir les rebelles nord-soudanais, ce que Juba dément, accusant à son tour Khartoum d’armer les milices rebelles actives au sud de la frontière.
Au moins 300.000 personnes ont été tuées et 1,8 million déplacées depuis le début en 2003 de la guerre au Darfour entre des groupes rebelles autochtones et le régime de Khartoum, selon une estimation des Nations unies.
Selon l’armée soudanaise Khalil Ibrahim aurait été tué lors de combats, ce que démentent d’autres sources qui affirmeraient qu’il aurait été vendu et localisé par des militaires infiltrés dans ses rangs.
Sa mort est un coup dur pour la rébellion soudanaise.C’est l’homme qui avait fait trembler Omar el-Béchir en mai 2008, lors d’une offensive sur Omdurman, ville jumelle de Khartoum.